
Dans un environnement économique de plus en plus exigent, les entreprises se tournent vers la mutualisation des processus de due diligence afin d’ optimiser la gouvernance tiers et renforcer leur résilience opérationnelle. Cette approche collaborative consiste à partager les efforts et les ressources liés aux évaluations des partenaires tiers, notamment les fournisseurs critiques. En centralisant ces tâches, les organisations, d’un même groupe et même concurrentes, augmentent l’efficacité tout en réduisant les coûts associés à la gestion des risques tiers.
La transition du TPRM (Third Party Risk Management) vers le TPGRC (Third Party Governance & Risk Compliance) s’impose comme une nécessité face à l’évolution du contexte réglementaire européen, notamment avec l’entrée en vigueur de directives telles que DORA, NIS 2 et CSRD. Cette mutation stratégique vise à garantir la souveraineté des données européennes tout en renforçant la résilience des chaînes d’approvisionnement.
L’importance de cette approche est soulignée par une récente étude de SecurityScorecard, qui révèle que 98% des organisations ont une relation avec un tiers qui a subi une violation de données, démontrant l’urgence d’adopter des stratégies de gouvernance tiers plus robustes et collaboratives.
Comprendre la mutualisation des due diligence
La mutualisation des due diligence révolutionne l’approche traditionnelle de l’évaluation collaborative des partenaires tiers. Ce concept repose sur le partage d’informations et de ressources entre plusieurs organisations, permettant d’optimiser les processus d’investigation tout en renforçant la résilience opérationnelle.
Selon une étude de PwC, les entreprises pourraient économiser jusqu’à 88 millions de dollars grâce à la mutualisation des procédures KYC (Know Your Customer). Cette approche permet non seulement de réduire les coûts, mais aussi d’améliorer significativement l’efficacité opérationnelle en centralisant les données sur un référentiel unique.
Elle s’aligne parfaitement avec la transition du TPRM vers le TPGRC (Third Party Governance & Risk Compliance), une évolution stratégique détaillée dans les enjeux du TPRM et du TPGRC.
Les défis de la due diligence traditionnelle
Les méthodes conventionnelles de due diligence se heurtent à plusieurs obstacles majeurs :
- Gestion des données fragmentées : la multiplicité des plateformes utilisées entraîne souvent une désorganisation des informations essentielles, augmentant les risques de non-conformité.
- Examens manuels chronophages : les processus traditionnels, impliquant un travail manuel conséquent, réduisent l’efficacité et mobilisent des ressources importantes.
- Coûts élevés : selon une autre étude de PwC, les institutions financières ont connu une augmentation significative des coûts de conformité liés à la lutte contre le blanchiment d’argent et le financement du terrorisme (AML/CTF), avec 65% d’entre elles rapportant une hausse des dépenses sur les 24 derniers mois. Pour les banques, cette augmentation est particulièrement marquée, 40% d’entre elles signalant des hausses de coûts supérieures à 30%, soulignant l’importance cruciale d’optimiser ces processus.
La mutualisation des due diligence apporte des solutions concrètes à ces défis en standardisant les processus d’investigation et en favorisant le partage des bonnes pratiques entre partenaires. Cette approche collaborative s’impose comme une réponse stratégique aux exigences croissantes en matière de gouvernance tiers et de conformité réglementaire.
Avantages de la mutualisation pour les grands groupes
Pour les grandes entreprises, la mutualisation des due diligence représente bien plus qu’une simple optimisation opérationnelle : c’est un véritable levier de gouvernance tiers stratégique qui exploite la force du réseau. Cette approche collaborative favorise la création de standards communs au sein de l’industrie, établissant un référentiel unique pour l’ensemble des parties prenantes. Comme le souligne une étude d’Utopreneurs, « en mutualisant les ressources, les entreprises membres trouvent des opportunités uniques pour développer des solutions gagnantes » et peuvent « maximiser les ressources, innover plus vite et répondre aux défis » de leur secteur.
En intégrant la mutualisation dans leur stratégie globale, les grands groupes peuvent réaliser une optimisation collaborative significative. Selon une étude de l’Agence Française Anticorruption (AFA), les organisations qui adoptent une approche mutualisée réduisent jusqu’à 40% leurs coûts d’évaluation des tiers tout en améliorant la qualité des données collectées.
L’adoption d’une due diligence fournisseurs mutualisée devient ainsi une nécessité stratégique dans la gestion moderne des risques tiers.
Dans le secteur BTP/Construction, la mutualisation des moyens prend tout son sens pour la gestion des sous-traitants multi-niveaux. Selon une étude du PRST des Pays de la Loire, la mise en commun des ressources sur les chantiers permet de disposer « d’équipements conformes, complets, adaptés, correctement montés, en quantité suffisante, pendant toute la durée des travaux concernés« . Cette approche collaborative améliore non seulement les conditions de travail et la qualité de l’ouvrage, mais permet également de réduire les coûts et d’optimiser les délais de réalisation des projets.
Renforcer la résilience organisationnelle
L’un des bénéfices majeurs de la mutualisation réside dans le renforcement de la résilience opérationnelle. En partageant les connaissances et expériences en matière de gouvernance des tiers, les entreprises développent une compréhension approfondie des enjeux auxquels elles font face.
Selon l’ANSSI, « la mutualisation des évaluations permet d’accroître significativement la capacité de détection des signaux faibles et d’anticiper les risques émergents dans la chaîne d’approvisionnement numérique« . Ce partage des ressources facilite la réception d’alertes multi-sources contextualisées, améliorant l’agilité et la réactivité des structures en cas de crise.
Dans le secteur public, les collectivités territoriales ont particulièrement bénéficié de cette approche. Un groupement d’habitat social gérant plus de 85 000 logements a mis en place un système mutualisé d’évaluation de ses prestataires, réduisant de 30% les incidents liés aux tiers tout en assurant une meilleure conformité au RGPD.
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Implémentation et outils pour la mutualisation
La mise en place d’une structure de mutualisation pour les due diligence nécessite une plateforme intégrée et une méthodologie rigoureuse. Les solutions technologiques actuelles permettent de faciliter la collecte et le traitement des informations requises lors des évaluations collaboratives. Ces outils intègrent automatiquement les différents critères environnementaux, sociaux, de gouvernance, financiers et de conformité réglementaire, rendant le processus plus fluide et moins sujet aux erreurs humaines.
Selon une étude de CGAP, « les secteurs privé et public exploitent de plus en plus les nouvelles technologies pour mettre en œuvre des approches collaboratives permettant aux prestataires de services financiers de répondre aux exigences de diligence raisonnable envers les clients« . Cette mutualisation des ressources permet de réduire considérablement les coûts tout en augmentant l’efficacité des mesures de conformité.
Dans le secteur BTP/Construction, l’implémentation de workflows intelligents personnalisés a permis d’optimiser la gestion des sous-traitants multi-niveaux. Selon une étude de cas documentée par Design-Mat, la mutualisation des moyens de manutention sur le chantier du projet Effervescence à Marseille par Kaufman&Broad a non seulement permis de réaliser des économies significatives, mais a également « assuré de meilleures conditions de travail à long terme pour la construction de ce centre commercial et plus de 200 logements« . Cette approche s’est révélée si efficace que l’entreprise prévoit désormais « d’incorporer la mutualisation dans ses futurs projets dès la conception et le design des architectes« .
Créer un cadre de collaboration efficace
Le succès de la mutualisation dépend largement de la qualité du cadre de gouvernance collaborative instauré entre les parties prenantes. Selon Ksapa, neuf principes fondamentaux garantissent l’efficacité d’une collaboration entre parties prenantes, dont « une vision et des objectifs partagés, des avantages mutuels, la confiance et la transparence« .
Pour assurer un fonctionnement optimal, il est nécessaire d’établir un modèle collaboratif clair définissant les rôles et les attentes de chaque participant. Ces accords doivent être fondés sur une relation de confiance mutuelle afin de soutenir efficacement les objectifs communs. La mise en place d’une base de connaissance évolutive permet également de capitaliser sur les expériences passées et d’améliorer continuellement les processus d’évaluation.
Dans le secteur de la distribution, les acteurs majeurs ont développé un cadre de collaboration pour l’évaluation des marketplaces internationales. Selon une étude de FasterCapital, cette approche collaborative permet d’optimiser la gestion des canaux de distribution et d’améliorer l’analyse des données de vente, conduisant à une meilleure prise de décision et à l’identification d’opportunités de croissance. Ce type de partenariat renforce non seulement la visibilité de la marque mais établit également des relations mutuellement bénéfiques sur le long terme.
Mutation vers la digitalisation des processus
La transformation digitale révolutionne la façon dont les entreprises gèrent leurs relations avec leurs partenaires tiers. L’intégration de l’IA documentaire dans les processus de due diligence permet d’analyser rapidement de grandes quantités de documents, d’identifier les risques potentiels et d’optimiser les décisions stratégiques. Cette évolution technologique facilite le passage d’évaluations ponctuelles à un monitoring continu des partenaires tiers.
Selon Deloitte, « sans surveillance proactive et continue des risques liés aux tiers, les organisations deviennent de plus en plus vulnérables aux risques tels que les perturbations de la chaîne d’approvisionnement, les atteintes à la réputation et les cyberattaques« . Cette transition vers des outils digitaux permet d’anticiper les risques avant qu’ils ne deviennent problématiques.
Dans le secteur de la distribution, la digitalisation des processus d’évaluation des tiers a transformé la gestion des marketplaces et des plateformes e-commerce. Selon Banking Frontiers, « les outils numériques permettent aux entreprises d’automatiser les processus, de rationaliser les flux de travail et de centraliser les informations de conformité« , améliorant ainsi l’efficacité opérationnelle tout en réduisant les erreurs manuelles.
Impact sur la compétitivité
L’adoption d’une approche digitalisée pour les évaluations collaboratives des partenaires tiers constitue désormais un avantage concurrentiel significatif. Les entreprises qui intègrent ces technologies dans leur réseau de partenaires tiers bénéficient d’une agilité accrue et d’une meilleure capacité à s’adapter aux évolutions du marché.
Selon Roland Berger, « les entreprises qui agissent tôt pour développer et mettre en œuvre leur propre stratégie de digitalisation seront les gagnantes« . Cette transformation permet non seulement d’optimiser les coûts mais également de renforcer la collaboration avec les fournisseurs et d’améliorer l’efficacité opérationnelle.
Dans le secteur industriel, la digitalisation des processus de due diligence a permis aux entreprises d’améliorer significativement leur résilience opérationnelle et leur capacité d’innovation. Cette approche favorise également l’intégration des critères de développement durable dans l’évaluation des partenaires, répondant ainsi aux exigences croissantes des consommateurs et des régulateurs en matière de responsabilité sociale et environnementale.
Vers une gouvernance tiers collaborative et souveraine
La mutualisation des due diligence s’impose comme une approche incontournable pour les organisations souhaitant optimiser leur gouvernance tiers tout en renforçant leur résilience opérationnelle. En combinant partage des ressources, standardisation des processus et digitalisation, cette stratégie répond efficacement aux défis croissants de la conformité réglementaire européenne.
Les bénéfices sont multiples et touchent l’ensemble des secteurs prioritaires : réduction des coûts et des délais pour le BTP/Construction, conformité renforcée pour le secteur public, sécurisation des chaînes d’approvisionnement pour l’industrie, et optimisation des marketplaces pour la distribution.
La transition du TPRM vers le TPGRC, soutenue par des plateformes intégrées et des évaluations collaboratives, permet aux organisations de transformer une obligation réglementaire en avantage concurrentiel. Cette évolution garantit non seulement la conformité aux exigences réglementaires (DORA, NIS 2, CSRD), mais assure également la souveraineté des données européennes – un enjeu stratégique majeur dans l’économie numérique actuelle.
En définitive, la mutualisation des due diligence ne représente pas seulement une optimisation des processus, mais une véritable transformation de la relation avec les partenaires tiers, favorisant un écosystème plus résilient, transparent et collaboratif.
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