La Décarbonation dans le BTP : enjeux et solutions pour la gestion des sous-traitants et artisans (Scope 3)

La décarbonation est aujourd’hui un enjeu majeur pour les entreprises et les acteurs publics. Dans le secteur du Bâtiment et des Travaux Publics (BTP), cette question est centrale car il représente l’un des secteurs les plus émetteurs de gaz à effet de serre (GES), responsable de 39% de la croissance des emissions de carbone liées à l’énergie. La décarbonation scope 3 BTP est particulièrement complexe car, selon les études récentes, la majorité des émissions provient du Scope 3, qui inclut les fournisseurs, sous-traitants, et artisans intervenant dans la chaîne de valeur.
Dans ce contexte, les entreprises du BTP doivent à la fois maîtriser leur empreinte carbone directe (Scope 1 et 2) et engager leurs partenaires pour réduire l’empreinte indirecte. Les sous-traitants et artisans jouent un rôle essentiel dans cette équation.
Cet article explore les enjeux et propose des solutions concrètes pour accompagner le secteur dans cette transition, notamment à travers des outils technologiques comme Aprovall360.
Les principaux enjeux du BTP en matière de décarbonation
Évaluation de l’ensemble des tiers
L’évaluation des tiers (fournisseurs, sous-traitants, etc.) est indispensable pour mesurer et réduire l’empreinte carbone du Scope 3. Elle permet d’identifier les partenaires engagés dans une démarche de décarbonation et ceux qui nécessitent un accompagnement. Cette évaluation repose sur des critères clairs comme les bilans carbone, la maturité des processus et les engagements validés par des labels environnementaux tels que SBTi (Science Based Targets initiative).
Contrôle des documents et conformité réglementaire
La gestion des documents liés à la conformité environnementale (certificats, bilans carbone) est une étape cruciale pour garantir la transparence et la responsabilisation des tiers. Une centralisation des informations permet d’assurer une vue d’ensemble de la performance environnementale et de répondre aux exigences réglementaires comme la RE2020, la directive CSRD ou la loi Climat et Résilience.
A noter que, depuis le 1er janvier 2025, la RE2020 est entrée dans sa deuxième phase d’application avec de nouveaux seuils renforcés, qui augmentent significativement les exigences en matière d’empreinte carbone.
- Pour les maisons individuelles, l’indice carbone de construction (IC Construction) est passé de 640 à 530 kg CO₂/m², soit une réduction de 17%.
- Pour les logements collectifs, le seuil a été abaissé à 650 kg CO₂/m² contre 740 kg CO₂/m² précédemment.
Cette évolution s’inscrit dans un calendrier progressif prévu par la RE2020, avec des seuils encore plus exigeants prévus en 2028 et 2031, visant à atteindre la neutralité carbone d’ici 2050. Un décret de simplification publié fin décembre 2024 a toutefois apporté quelques ajustements pour les petits logements collectifs de moins de 40 m² et les maisons individuelles situées dans les zones climatiques H2d et H3.
Rôle de l’IA dans l’analyse documentaire
L’intelligence artificielle joue un rôle clé dans l’analyse des données à grande échelle et l’automatisation des processus. Elle permet de gagner du temps et d’obtenir des résultats précis pour orienter les décisions stratégiques. Par exemple, l’IA peut identifier les partenaires tiers prioritaires en fonction de leur impact carbone et recommander des actions à entreprendre, tout en réduisant la supplier fatigue liée aux demandes documentaires répétitives.
Décarbonation et objectifs climatiques
La réduction des émissions de carbone est un levier essentiel pour atteindre les objectifs climatiques fixés par les accords internationaux. Selon la Stratégie Nationale Bas Carbone (SNBC), le secteur du bâtiment doit réduire ses émissions de 95% d’ici 2050 par rapport à 2015. Cette transition passe par l’optimisation des processus internes et l’engagement des partenaires externes. Cela inclut l’utilisation de matériaux bas carbone, la réduction des déplacements et la gestion optimisée des ressources sur les chantiers.
Mutualisation et intégration des données
Pour améliorer l’efficacité, il est nécessaire de mutualiser les données et les actions entre les entreprises, les sous-traitants et les artisans. Les outils d’intégration facilitent la centralisation des informations, permettant un suivi plus cohérent et une meilleure planification des projets à faible impact carbone. Cette approche collaborative réduit également la charge administrative pour les sous-traitants d’autant que pour eux, le dépôt de document est totalement gratuit depuis une plateforme sécurisée.
Sous-traitance et évaluation globale
L’évaluation des sous-traitants doit être globale, et une gestion des sous-traitants BTP efficace inclut à la fois les critères financiers (score financier) et environnementaux pour une vision équilibrée de la performance. Une démarche responsable permet d’établir des relations durables basées sur la confiance et la transparence, tout en répondant aux exigences croissantes des marchés publics et privés en matière de critères ESG.
La décarbonation : un enjeu majeur pour le BTP
Le secteur du BTP est responsable d’une part importante des émissions de gaz à effet de serre (GES). L’essentiel de ces émissions provient du Scope 3, c’est-à-dire des activités indirectes comme :
- La production des matériaux de construction (béton, acier, etc.) qui représente 7% des émissions mondiales de GES pour le ciment seul
- Le transport des matériaux et des équipes sur les chantiers
- La gestion des déchets issus des travaux
- La consommation d’énergie sur les sites de production et de chantier.
Les grands acteurs du BTP s’engagent également dans l’innovation bas carbone. Un grand groupe a récemment expérimenté un enrobé végétal en Haute-Garonne pour les travaux routiers, tandis que d’autres entreprises ont opté pour la géothermie dans leurs processus de fabrication de préfabriqués en béton, notamment pour la phase critique de séchage. Ces initiatives montrent que même les matériaux traditionnellement très émetteurs peuvent être repensés.
Pour répondre à ces enjeux, il est crucial de collecter et analyser les données environnementales des partenaires pour mesurer l’empreinte carbone globale et mettre en place des plans d’action concrets. Cela inclut des actions de réduction à court terme comme l’optimisation logistique et des stratégies à long terme telles que la rénovation énergétique des bâtiments. Les émissions liées à l’usage des bâtiments ont d’ailleurs diminué de 12 MtCO2e entre 2019 et 2022, montrant que des progrès significatifs sont possibles.

Comment évaluer et réduire l’empreinte carbone des sous-traitants ?
Collecte des données : une étape cruciale
La collecte des données est la première étape pour évaluer l’empreinte carbone. Grâce à des outils tels qu’Aprovall360, il est possible de :
- Centraliser les données des fournisseurs et sous-traitants
- Automatiser les demandes de documents (bilans carbone, certifications)
- Identifier les informations manquantes pour une vue complète
- Réduire la charge administrative pour les sous-traitants grâce au modèle pay-to-collect mutualisé.
Analyse des engagements des tiers
Une fois les données collectées, il est essentiel d’évaluer les actions concrètes mises en place par les tiers pour réduire leur empreinte carbone. Les labels tels que le SBTi permettent de valider ces engagements. En intégrant des critères standardisés, les entreprises peuvent s’assurer de la fiabilité des données collectées et identifier les partenaires les plus avancés dans leur démarche de décarbonation, facilitant ainsi l’atteinte des objectifs de décarbonation fixés par l’entreprise.
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Mesure de la maturité opérationnelle
La maturité opérationnelle des sous-traitants désigne leur capacité à déployer des actions durables et efficaces pour la décarbonation. Une analyse détaillée permet de distinguer les partenaires avancés et ceux nécessitant un accompagnement. Des indicateurs clés comme le pourcentage de matériaux recyclés, l’utilisation de matériaux biosourcés ou la réduction des déchets peuvent être utilisés pour évaluer cette maturité.
Niveau de maturité | Caractéristiques | Actions recommandées |
---|---|---|
Débutant | Peu ou pas de mesures de l’empreinte carbone | Formation et sensibilisation |
Intermédiaire | Mesure partielle, quelques actions en place | Accompagnement ciblé, partage de bonnes pratiques |
Avancé | Stratégie carbone définie, objectifs mesurables | Partenariat privilégié, mutualisation des innovations |
Les solutions technologiques pour la décarbonation dans le BTP
Aprovall360 : un module dédié à la décarbonation
Parmi les solutions de décarbonation disponibles sur le marché, Aprovall360 propose un module spécifique pour faciliter la collecte et l’analyse des données carbone :
- Workflows automatisés : pour solliciter les sous-traitants et centraliser les documents
- Identification des engagements : le niveau d’engagement des tiers est automatiquement détecté
- Mesure de l’empreinte carbone : calcul précis de l’empreinte du Scope 3
- Expertise sectorielle BTP : solutions adaptées aux spécificités du secteur de la construction.
Augmentation de la complétude des parcours de décarbonation
Les entreprises peuvent augmenter de 30 points le taux de complétude des parcours de décarbonation grâce à l’automatisation et aux tableaux de bord dynamiques d’Aprovall360. Les données ainsi centralisées permettent un suivi précis des progrès réalisés et facilitent le reporting réglementaire, notamment dans le cadre de la directive CSRD ou de la réglementation environnementale RE2020.
Tableaux de bord pour piloter les actions
Des tableaux de bord visuels permettent de suivre les actions engagées et les progrès réalisés, facilitant ainsi la prise de décision. Ils offrent une vue synthétique des avancées par chantier, par partenaires tiers et par projet, tout en identifiant les points de vigilance. Cette approche data-driven permet d’optimiser les ressources et de prioriser les actions à fort impact, rendant la décarbonation dans la construction plus efficace et mesurable.
Les bénéfices de la décarbonation pour les entreprises du BTP
- Réduction des émissions : contribution directe aux objectifs climatiques nationaux qui visent une baisse de 45 MtCO2 pour atteindre 30 MtCO2 en 2030 dans le secteur du bâtiment, accélérant ainsi la décarbonation des bâtiments à l’échelle nationale.
- Amélioration de l’image écoresponsable : un atout majeur dans les appels d’offres publics et privés.
- Respect des régulations : anticipation des normes comme la RE2020 et la RT 2024 qui impose depuis le 1er janvier 2025 l’utilisation de matériaux moins carbonés.
- Compétitivité accrue : en répondant aux critères ESG, les entreprises renforcent leur position sur le marché.
- Optimisation des coûts : une gestion efficace des ressources permet de réduire les dépenses.
- Innovation : l’adoption de technologies bas carbone favorise l’émergence de solutions durables comme les matériaux biosourcés ou géosourcés.
Des projets innovants émergent pour répondre aux défis de la décarbonation. À Lyon, un constructeur a lancé un immeuble sans climatisation ni chauffage dans le quartier de la Confluence. Ce bâtiment garantira à ses occupants une température maximale de 26°C en été sans descendre en dessous de 22°C l’hiver, démontrant qu’une conception bioclimatique intelligente peut éliminer le besoin en systèmes énergivores traditionnels.

Le rôle des sous-traitants et artisans dans la chaîne de valeur
Les sous-traitants représentent un maillon essentiel dans la chaîne de valeur du BTP. Leur implication dans la décarbonation est indispensable pour atteindre les objectifs globaux.
- Sensibilisation et formation : accompagner les sous-traitants pour adopter des pratiques plus durables.
- Encouragement des engagements certifiés : favoriser les partenaires validés par des labels comme le SBTi.
- Mutualisation des bonnes pratiques : partager des retours d’expérience pour accélérer la transition.
- Développement des filières locales : privilégier les ressources locales pour réduire l’impact du transport.
- Innovation collaborative : co-développer des solutions bas carbone adaptées aux spécificités des chantiers.
En conclusion, la décarbonation bâtiment nécessite une approche collaborative impliquant l’ensemble des acteurs de la chaîne de valeur du secteur BTP.
Les outils technologiques comme Aprovall360 facilitent cette transition en permettant une évaluation précise et un suivi efficace des sous-traitants et artisans. Grâce à une gouvernance des tiers adaptée aux enjeux climatiques, les entreprises du BTP peuvent non seulement réduire leur empreinte carbone mais aussi gagner en compétitivité sur un marché de plus en plus exigeant en matière de performance environnementale.
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